L'église Saint-Félix

Au pied des ruines importantes du château et du village ruinés de Castelmaure, se dresse la belle église de Saint-Félix.
On peut lire son histoire à travers ses pierres, car ses murs sont aux parements nus, alors que tant d'églises voisines ont été recouvertes de crépis.
Petit nef à quatre travées, avec transept, close à l'Est par un chevet circulaire, à plan outrepassé : voici ce que l'on aperçoit au premier coup d'oeil. Mais l'examen de l'édifice en dit plus.
Au XIe siècle, sous l'influence de maçons lombards, on construisit, près du ruisseau et sur une légère pente exposée au Nord, une église, qui, d'après les fouilles du général Grizaud, a été précédée d'une construction pré-romane à chevet carré. Sa nef est couverte d'une charpente portant des arc latéraux. Au Nord, dans la dernière travée, s'ouvre la porte des morts. Face à elle se dresse la cuve baptismale, magnifique bloc monolithe. Et au-dessus, dans le mur pignon, s'ouvre une fenêtre cruciforme, symbole solaire et de résurrection. Symboliquement exprimée à la fois par le baptistère, la porte et la fenêtre, n'est-elle pas émouvante cette conjonction de la naissance, de la mort et de la résurrection ?
Le chevet roman qui comportait à l'origine, petites fenêtres et minces contreforts, a été remanié après les destructions occasionnées par le Duc d'Albe, au XVIe siècle. La voûte en cul-de-four a été alors entièrement transformée et même récemment enduite au mortier.
En même temps qu'on remaniait le chevet, on remplaçait la charpente de la nef par une voûte en berceau brisé et, sans doute à la même époque, ajoutait-on un transept formé de chapelles, couvertes d'une voûte transversale.
Contre le montant de la porte d'entrée se trouve une pierre blanche, manifestement réemployée, qui porte sur deux lignes, une inscription qui paraît arabe. En ce cas, elle pourrait être un témoin de l'occupation maure. Le château voisin ne s'appelle-t-il pas Castel-Maure ?
On voit au musée de Sigean le bénitier en marbre de cette église, qui n'est autre qu'une inscription du Ie siècle, dédicacée à un tribun romain qui avait peut-être là son domaine.
On doit la restauration de cette belle église au général Grizaud, que nous évoquions plus haut. Il y a mis toute sa foi. Une plaque de marbre en rappelle le souvenir.

Source : Les Corbières - Abbé J. GIRY - A.-F. MARE-VENE - M. BOUILLE - Imprimerie COOPIM

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